Le dimanche de Pâques à Nanggulan, c’est quelque chose !
Longtemps sans message. Désolé.
Le mois de mars a été bien occupé à visiter ma sœur à Bordeaux et certains de mes amis à Paris.
Si le froid ma saisi à l’arrivée, le mois est vite (trop vite) passé. Des moments intenses partagés avec ceux que j’aime particulièrement : un mélange harmonieux de petits voyages (Bordeaux, Landes), de longues conversations profondes (avoir le temps pour cela c’est précieux), de séquences drôles et d’autres moins, souvent nostalgiques (le temps passe), mais j’en suis ressorti grandi.
Merci à Myriam pour son accueil (Netflix, que je n’ai pas ici, c’est quelque chose…en même temps en 10 jours j’ai eu le temps de voir des films top (1917, Le pouvoir du chien, La ballade de Buster Scruggs, A l’Ouest rien de nouveau, pour ne mentionner qu’eux).
De retour dans mes terres, au chaud, la saison des pluies tirant à sa fin, c’est le moment des récoltes de riz, les champs autour de chez moi vibrent d’activité malgré le Ramadan en cours.
La routine de longues lectures reprend. De bonnes séries sur Mola aussi (mention spéciale pour « The offer », sur la fabrication de Godfather, le chef d’œuvre de Coppola). J’ai déballé mes « cadeaux » français, et je me plonge avec délice dans les DVD achetés (re-mention spéciale pour le coffret des 10 films préférés du Monde pour 2022)(re-mention spéciale pour « La fracture » de Catherine Corsini)
Et puis, le calendrier vous rattrape vite, c’est déjà Pâques. Les musiques de Semana Santa sevillane me plongent dans la nostalgie (Mater Mea en particulier). Je m’étais promis d’honorer l’église de mon village, ce sera chose faite le dimanche de Résurrection. Dans la région que j’habite, les collines de Menoreh sont habitées par de larges communautés chrétiennes (il y a plusieurs grottes votives). La communauté catholique est nombreuse. Le dimanche de Pâques à Nanggulan, c’est quelque chose !
Arrivé à la bourre (les abords de l’église sont fermés aux véhicules et l’entrée protégée par des policiers, c’est le sort des minorités…), un monsieur me trouvera gentiment une place au fond, pour au moins assister au spectacle.
Beaucoup de monde (même dehors), toutes les familles sur leur 31 (on a sorti les plus beaux batiks), les bancs bourrés au mieux des consignes sanitaires avec de l’espace entre les familles.
Comme c’est une messe majeure dans l’année, nous aurons droit à une messe de fete, avec Gamelan. Les indonésiens sont les as du syncrétisme. Ils ont su adapter l’Islam Yéménite à leur culture (animiste et hindouiste). Ici l’ensemble de percussions traditionnel javanais accompagnera les chants liturgiques et le chœur, tout le monde est habillé de la tenue de cérémonie (avec sarong, veste bleu sombre et couvre-chef que l’on retrouve au palais du Sultan).
Une grande ferveur anime ces fidèles venus serrer les rangs de leur petite communauté. Je dois avouer que j’ai été enthousiasmé par cette cérémonie assez spéciale. Mon téléphone étant resté dans la voiture je n’ai pas pris de photos, j’en ai demandé au gars qui en prenait, je les attend…(ces photos sont de l'internet)
J’ai choisi la cérémonie en Indonésien à 7 heures du matin (il en existe une autre a 10 heures en javanais). Cela m’a permis de comprendre le sens du sermon et d’admirer le talent pédagogique du prêtre officiant (ce que me changeait de l’impression de j’ai eue lors du baptême d’un petit neveu à Versailles il y a quelques années). Ici, le pretre comparait la foi a une bicyclette, on s’en sert tous les jours, on a l’habitude de l’avoir dans sa vie mais au fil du temps elle s’use, des pièces se déglinguent on risque de la perdre et elle a donc besoin d’un petit tour régulier chez qui ? et la foule de répondre « le garagiste ». Et le garagiste de la foi c’est l’église où vous êtes ici présent aujourd’hui…ainsi de suite.
Ma foi, assez convaincant.Un moment remarquable a été l’élévation, ce moment dans la liturgie catholique où le prêtre présente une grande hostie (ici méga grosse), et les enfants de chœur (ici filles et garçons mélangés, digne d’un bon pays musulman), agitent une clochette. Dans cette cérémonie très javanaise, un jeune enfant de chœur, habillé en javanais (façon Raffles dans « History of Java) a donne un coup de gong grave, redonnant a cet instant pivot du cérémonial toute la gravité qu’il mérite. Les fidèles ont alors fait le geste du salut très hindouiste en joignant les mains devant eux (le geste aussi de prière chez les catholiques).
Le public était très différent des fidèles rencontrés à Lombok, tous chinois, commerçants, apprêtés, plus riches. Ici, tous étaient de purs javanais, souvent modestes (paysans, petits commerçants ou employés) mais bien habillés et concentrés sur leur cérémonie à laquelle ils participaient en répondant et chantant avec le chœur. Au sortir de la messe beaucoup sont venus me saluer pour montrer qu’ils étaient fiers de me présence. Et puis le Gamelan faisant office d’orgue de Mademoiselle Le Lombec c’était parfait. Un excellent dimanche de Pâques.