Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de PEB
30 novembre 2022

Jour 4

POSTER-FILM-Alang-alang

JAFF 4ème jour. Je prends mon rythme de croisière et c’est très agréable de croiser des têtes connues quand j’arrive au cinéma. Programme du jour exclusivement Indonésien et aucune bonne surprise pour le moment. Le premier film « Alang-alang » est bien filmé, économe en dialogues (ce qui m’arrange car le jeu des acteurs indonésiens finit par me gâcher le plaisir du film). Nous sommes dans une ville portuaire, de pêcheurs, au Nord de Java, dans une famille pauvre où un jeune adolescent s’occupe de sa mère mourante en chipant des poissons lors des débarquements de cagettes des bateaux ou en se faufilant entre les marchands pour subtiliser une pièce ou deux et les remettre contre un billet à une jeune femme qui les rachète. Cela lui permet de ramener de l’argent à la maison et survivre. A moins que le père absent et alcoolique ne passe par là pour subtiliser des billets. Mais le gamin a des rêves de naviguer, partir au loin. Après une belle mise en situation (les activités du port, le ballet des chapardeurs, les vendeurs à la criée, les marins au repos), la mère du petit meurt, il se retrouve seul. Il se rapproche alors de le jeune femme qui lui rachète ses poissons et d’un vieux capitaine de bateaux sur le retour qui lui met le pied à l’étrier et on espère que le film va démarrer dans une sorte de Billy Eliott des pêcheurs, mais non, on glisse dans un autre histoire de trafic de pigeons, de vol par le père d’un spécimen, des mauvais garçons qui veulent se venger, poursuivent père et fils, enfin tout un bordel qui nous éloigne de la première histoire du petit héros (très bien d’ailleurs) dont le rêve s’effondre à cause de ces pigeons. Ça tourne en eau de boudin sans intérêt, les adultes ont beaucoup plus de scènes à jouer et là ça se gâte considérablement.

J’avais bien aimé le film annonce qui était centré sur les rêves du gamin, mais le film est tout autre chose. Déception donc.

A 15 heures j’ai décidé de suivre la causerie de trois intervenants sur le thème « Cinéma asiatique, entre reconnaissance et visibilité ? » Un thème intéressant. Les trois intervenants sont Philip Cheah (mon compère jury du FFD), Isabelle Glachant ex de Canal+ qui s’est installée à Hong-Kong pour promouvoir, co-produire des films asiatiques de qualité (et représentante d’Unifrance en Chine), donc connaissant bien le marché, et Kamila Andini, la jeune réalisatrice à succès Indonésienne.

Discussion intéressante quand on sait que les films asiatiques nous étaient quasiment inconnus à nous Français, à part Kurosawa et les classiques Japonais, puis quelques chinois, de temps à autre un prix à Cannes (1983 Imamura, 1993 Chen Kaige) ou à Berlin et Venise mais rien de transcendant. Mais là où La Concubine de Chen Kaige faisait 5,1 millions de dollars de box-office, la co-Palme d’Or La leçon de Piano de Jane Campion  faisait 140 millions de dollars. Et ces dernières 15 années ont montré la montée en puissance et en notoriété des films asiatiques. Le Uncle Boonmee en 2010, le Kore-eda en 2018 à Cannes, Le palmarès à Cannes et succès populaire du Coréen « Parasite » le prouve, il y a un marché international pour les films asiatiques et c’est nouveau. Les Oscars sont rentrés dans la danse avec Drive my car. Même si Venise et Berlin faisaient une plus belle place au cinéma asiatique (Black coal, Une separation, Pieta de Kom ki-Douk, Brokeback mountain et Lust, caution d’Ang Lee, le Hana-by de Kitano.

Le cinéma traitant de problèmes asiatiques rencontre des réticences (je pense au Stupeur et tremblement d’Alain Corneau d’après le pourtant célèbre roman d’Amelie Nothomb n’avait fait que 166.000 entrées. Où est le blocage ?

Ce que j’ai découvert en faisant quelques recherches avant cette discussion c’est que le festival du film asiatique de Deauville avait été interrompu en 2014 (faute de combattants ?) et remplacé par un festival à Vesoul, ville charmante de 15.000 âmes. La considération du cinéma français pour les films asiatiques m’estomaque. Et pourtant en participant à ce festival de Jogja consacré à ce thème je ne peux que constater la vivacité de ce marché et la qualité des films proposés. Les questions posées par les étudiants étaient aussi intéressantes, on les sent conscients de leur retard mais ont envie de progresser tant dans la qualité des films que leur pays propose au marché mondial et leur désir de rejoindre un cercle fermé de participants à des festivals de renom. J’ai appris par ailleurs que l’Indonésie ne disposait pas de distributeurs mais les salles dealent directement avec les vendeurs et assurent le promotion des films, ce sont des agents en quelque sorte qui leur amènent des films, d’où la prévalence de gros studios américains bien implantés et l’absence de tout autre cinéma hors le cinéma de divertissement local (comédies et horreur). Deux heures passionnantes.

Comme nous avions deux heures de battement entre ce débat et la séance du soir, j’emmènerai Philip et Riskya qui s’est occupé de nous au FFD diner au restaurant japonais du coin (excellent) mais qui se révèlera plein à craquer car ils commencent une semaine promotionnelle avec menu à prix unique et bouffe à volonté. Nous nous rabattrons sur un excellent Ramen voisin.

Poster Cross the line

Le dernier film de la journée disposait lui aussi d’une belle bande annonce, d'une belle esthétique léchée (au moins ils savent faire). Nous sommes toujours dans un port Indonésien et l’on suit un jeune couple qui s’est vendu à la compagnie maritime de ferrys et y travaille jusqu’à rembourser leur dette (système très développé en Indonésie), mais au fil du temps les payes se révèlent maigrelettes (les employeurs s’ingéniant à ponctionner des frais inattendus). Lui est machiniste à bord d’un bateau à quai (on ne sait pas pourquoi), elle bosse comme aide-ménagère et serveuse dans un café local où les filles finissent avec les clients pour arrondir leurs fins de mois et rembourser plus vite leur dette. La fille ne joue pas de ce jeu-là, mais comme l’argent rentre au compte-gouttes elle se laisse tenter et cela finit par mettre fin à leur couple fragile. Le gars, pour essayer de récupérer sa fiancée et lui permettre de réaliser son rêve de travail à Singapour, accepte de fermer les yeux sur des camions de trafic d’un jeune parrain local. L’argent rentre plus vite jusqu’à ce que les choses se gâtent. Et encore une fois, alors que les acteurs jouaient plutôt pas mal, que les cadres étaient élégants, l'esthétique amenait une atmosphere agréable au film, l’histoire était bien plantée et se déroulait à son rythme de croisière, cette histoire de trafic et de gangs vient prendre le dessus et faire basculer le film dans autre chose. Visiblement pas d’issue possible, mais pas de morale non plus à tirer de cette histoire. Autre déception d’un film pas abouti.

Publicité
Publicité
Commentaires
Le blog de PEB
Publicité
Publicité