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Le blog de PEB
3 novembre 2008

28 degres, grand beau temps, grande forme...une petite couche de "Celine" ?

Tanjung_AAn_2392008__16_Ce matin lundi, des 7 heures sortie en ballade avec une cliente qui etait deja venue en avril ou mai. Une australienne pas trop mauvaise cavaliere qui apprecie la nature sauvage. Une heure et demie de ballade aux couleurs delicieuses du matin. Des 8h30, retour et bonne chaleur.

Comme j’ai fini les trois romans de Celine “D’un chateau, l’autre”, “Nord” et “Rigodon” et que je me suis regale (surtout les deux premiers), je me dois de vous livrer quelques perles de cet ecrivain qui sut si bien renouveller la langue francaise, comme l’on tres bien dit les critiques de l’epoque “Il y a du Rabelais la-dedans, une verve a la pression qui sort en geyser” ou “Celine se met en scene comme heros picaresque et bouc emissaire pour toute la depravation de ses contemporains culpabilises. Il porte temoignage sur l’exil ignominieux dans un chateau allemand du gouvernement de Vichy, metaphore de l’enfer, gaie et comique, que Celine martele de traits d’esprit.”

“Celine se veut chroniqueur mais il decrit l’Allemagne de la debacle comme Dante visitait les cercles de son Enfer”

“Cette qualite d’humour dans le tragique que Celine possede au plus haut point”

“Un livre de Celine nous fait respirer le souffle de la langue francaise ressuscitee”

Enfin “Ces mots qui eclatent de seve, quand ce n’est pas de virus, ce jet verbal don’t la justesse vous frappe de plein fouet, ce propos soutenu par des rythmes ou l’octosyllabe exerce sa domination musicale, c’est toute une symphonie dont le compositeur est un grand artiste.”

 

Copy_of_CIMG5053Durant ma lecture j’ai souvent imagine Fabrice Lucchini lisant ces pages magnifiques avec verve et enthousiasme. Je n’ai jamais oublie non plus que tout cela a ete ecrit dans les annees 57/60. Des formules, des trouvailles, des tournures d’esprit telles que celles-ci ne laissent pas indifferent :

“Les assassin aiment pas les risques…ils sont plus prudents a vous tuer qu’un bourgeois a acheter des “Suez

“J’ai toujours trouve indecent, rien que le mot : ecrire !… pretentiard, narcisse, “m’as-tu-lu”…

"L’opinion a toujours raison, surtout quand elle est bien conne.”

A propos de la dynastie Hohenzollern : “C’est quand ils ont cesse d’etre diables que leur Empire s’est ecroule!...tous les Empires kif!...et d’un!...je vois la les Roussky sur la pente…le B(oulganine), le K(routchev) ont bien l’air assez lucifers, mais pas si surs d’eux !... Satans chichitent, tortillent du tank, dialectotent…ils verront…”

“Meme si vous ne dites rien ca se voit, habituez-vous a ne rien penser”

“On ne voit que se qu’on regarde et on ne regarde que ce qu’on a deja a l’esprit”

“Les confidences se regrettent toujours…surtout dans les moments dangereux…les confidences sont pour les salons, pour les belles époques conservatrices, bien digestives, somnolescentes…”

“Je suis de l’avis de Louis XIV :”le bien a la goutte, le mal a des ailes”

“Anarchiste, suis, ete, demeure et me fous bien de opinions…”

“Antropophages, parait-il, je ne les ai pas vus diner…mais pirates, je suis certain…aussi pillards que mes fifis rue Girardon et que demain les Chinois ici…”

“Sitot qu’ils peuvent c’est bien simple tous les gens vous font perdre des heures, des mois…vous leur servez comme de fronton a faire rebondir leur connerie…”

‘Quand les Allemands se mettent a etre tristes, c’est tout a fait comme quand ils boivent…ils s’aneantissent”

Visionnaire…”Le progres de demain ! après la guerre !... une seule monnaie et l’avion ! une heure !... plus de passeports !”

“L’abominable gout du public…Le coeur me flanche quand je pense aux livres et commentaries…pas plus pires scolopendres velus, au fond des Sargasses, que les lecteurs tres avertis bafreurs d’excrements dialectiques, pris dans les algues et phrasibules formes polypes, formid “messages”…”sensa” bulles de vase…rien que d’entrevoir ces fonds de rien peut tres bien vous eteindre la vue, le gout, l’odorat a jamais…”

Copy_of_CIMG4836Ah qu’il est doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de vous …pas seulement doux, brevet de longue vie, avec, sans lunettes…”

“Le Figaro, l’Huma, L’Express, ereintants foutoirs a blablas, carnavals aussi ennuyeux que celui de Nice, aussi carton pate stucs et vents…”

“Si fragile celui qui a raison…”

“Controverses dialectiques, baveries, a plus finir !...le petit succes de mon existence c’est d’avoir tout de meme reussi ce tour de force qu’ils se trouvent tous d’accord, un instant, droite, gauche, centre, sacristies, loges, cellules, charniers, le comte de Paris, Josephine, ma tante Odile, Kroutchoubezeff, l’abbe Tirelire, que je suis le plus grand ordure vivant ! de Dunkerque a Tamanrasset, d’URSS en USA…tous ces pauvres films soit-disant d’horreur, me font rire!...allons!...allons !...rien ne m’est impossible decidement ! toute honte bue !...”

Pour mes amis du cinema : “Alors quelles vedettes ? – A la pelle – Nommez, nommez Maitre – Comment voulez-vous ? stars, etoiles, le ciel ! Delphes faisait des dieux, Rome n’a jamais fait que des saints, mais nous, monsieur, merveilles de ces temps, sortons cent vedettes par semaine !...alors ?...a gros nenes, petits, moyens…je verrai…”

“Le cardinal de Retz pretendait que nous commettions autant de sottises par mefiance que par confiance…eh, qu’il l’avait belle cardinal ! puissant e tout !...mais quand vous etes que petit paume qu’allez-vous foutre de la confiance ! au Diable !...archi mefiance ! oui !

“Le vieillard a la larme a l’oeil chronique, il fait plus que pleurer…il pleure qu’on va le mettre en boite et que tous les autres vont rester la a s’amuser…”

“A quoi servaient les croisades ? …ils se transposaient !... depuis ils se font ejecter de Passy, leur seizieme etage, par super jet conditionne, direct Golgotha…sept minutes..photographies aux “Oliviers”…Monsieur en Joseph…Madame en Marie les enfants anges evidemment… retour avant l’aperitif!...depuis que chaque home moteur au cul, va ou il veut, comme il veut, sans jambs, sans tete, il n’est plus qu’une baudruche, un vent…il ne disparait meme pas, c’est fait…”

“Les jeunes m’ignorent, les barbus m’ahaissent, les libraries me boykittent, les universites plus bebes que jamais, bebegayent, les Ligues et leurs manifesses, me pendent tant que ca peut !”

Bon, ce ne sont que des petits bouts pour prendre la temperature de cet esprit vif et inventif, mais c’est dans ses developpements un peu denses ou il jette toute sa gourmet qu’il est le plus impressionnant tel que: “C’est ecrit. L’affaire est dans le sac…Les Allemands sont archifoutus, emballez les os et plantez un saule, les tripes d’un cote, les gambilles de l’autre…Un drole de bignolage d’ailleurs; y comprennent rien a ce qui se passe…disciplines…garde a vous…coups de pied au cul…Heil Hitler…jusqu’au bout. Valsez, fantoches, a la ballade des fusilles…leurs sales tronches…Adieu Sigmaringen…j’en ai mon compte, termine le ballet des crabes pleins de poux…J’fous le camp en Norvege… au pole Nord...La-haut, je ne verrai plus leurs faces de Pierrots et de jean-foutres…je vais au pays des lacs…je ne veux plus de leur Goebbel’s propaganda…grosse caisse, lanterne, vessie, trompettes, bidon vide…tripes a l’air…en avant Das Reich pour la boucherie… L1010101Leur socialisme du carton pate, du stuc…de la gimauve…rutabaga…ils partagent rien les Frisous…nib…racisme debile, precaire, fetide, rampant, minable, prussien…Je ne suis pas de l’anthracite ni de l’engrais pour les salades du gros Goering…je ne me sens pas l’ame d’une briquette…”

Et pour finir un mot de Nietsche “Tout finira par la canaille…” precurseur aussi dans un sens….Il suffit, pour s’en convaincre de lire l’interview de Michel Rocard dans Le Monde.fr date du 3 novembre.

PS : le gazon est pose autour de la piscine...un detail

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