28 degres, grand beau temps, grande forme...une petite couche de "Celine" ?
Ce matin lundi, des 7 heures sortie en ballade avec une
cliente qui etait deja venue en avril ou mai. Une australienne pas trop
mauvaise cavaliere qui apprecie la nature sauvage. Une heure et demie de
ballade aux couleurs delicieuses du matin. Des 8h30, retour et bonne chaleur.
Comme j’ai fini les trois romans de Celine “D’un chateau,
l’autre”, “Nord” et “Rigodon” et que je me suis regale (surtout les deux
premiers), je me dois de vous livrer quelques perles de cet ecrivain qui sut si
bien renouveller la langue francaise, comme l’on tres bien dit les critiques de
l’epoque “Il y a du Rabelais la-dedans, une verve a la pression qui sort en
geyser” ou “Celine se met en scene comme heros picaresque et bouc emissaire
pour toute la depravation de ses contemporains culpabilises. Il porte
temoignage sur l’exil ignominieux dans un chateau allemand du gouvernement de
Vichy, metaphore de l’enfer, gaie et comique, que Celine martele de traits
d’esprit.”
“Celine se veut chroniqueur mais il decrit l’Allemagne de la
debacle comme Dante visitait les cercles de son Enfer”
“Cette qualite d’humour dans le tragique que Celine possede
au plus haut point”
“Un livre de Celine nous fait respirer le souffle de la
langue francaise ressuscitee”
Enfin “Ces mots qui eclatent de seve, quand ce n’est pas de
virus, ce jet verbal don’t la justesse vous frappe de plein fouet, ce propos
soutenu par des rythmes ou l’octosyllabe exerce sa domination musicale, c’est
toute une symphonie dont le compositeur est un grand artiste.”
Durant ma lecture j’ai souvent imagine Fabrice Lucchini
lisant ces pages magnifiques avec verve et enthousiasme. Je n’ai jamais oublie
non plus que tout cela a ete ecrit dans les annees 57/60. Des formules, des
trouvailles, des tournures d’esprit telles que celles-ci ne laissent pas
indifferent :
“Les assassin aiment pas les risques…ils sont plus prudents a vous tuer qu’un bourgeois a acheter des “Suez”
“J’ai toujours trouve indecent, rien que le mot : ecrire !…
pretentiard, narcisse, “m’as-tu-lu”…
"L’opinion a toujours raison, surtout quand elle est bien
conne.”
A propos de la dynastie Hohenzollern : “C’est quand ils ont
cesse d’etre diables que leur Empire s’est ecroule!...tous les Empires
kif!...et d’un!...je vois la les Roussky sur la pente…le B(oulganine), le K(routchev)
ont bien l’air assez lucifers, mais pas si surs d’eux !... Satans chichitent,
tortillent du tank, dialectotent…ils verront…”
“Meme si vous ne dites rien ca se voit, habituez-vous a ne
rien penser”
“On ne voit que se qu’on regarde et on ne regarde que ce qu’on a deja a l’esprit”
“Les confidences se regrettent toujours…surtout dans les
moments dangereux…les confidences sont pour les salons, pour les belles époques
conservatrices, bien digestives, somnolescentes…”
“Je suis de l’avis de Louis XIV :”le bien a la goutte, le
mal a des ailes”
“Anarchiste, suis, ete, demeure et me fous bien de
opinions…”
“Antropophages, parait-il, je ne les ai pas vus diner…mais
pirates, je suis certain…aussi pillards que mes fifis rue Girardon et que
demain les Chinois ici…”
“Sitot qu’ils peuvent c’est bien simple tous les gens vous
font perdre des heures, des mois…vous leur servez comme de fronton a faire
rebondir leur connerie…”
‘Quand les Allemands se mettent a etre tristes, c’est tout a
fait comme quand ils boivent…ils s’aneantissent”
Visionnaire…”Le progres de demain ! après la guerre !... une
seule monnaie et l’avion ! une heure !... plus de passeports !”
“L’abominable gout du public…Le coeur me flanche quand je
pense aux livres et commentaries…pas plus pires scolopendres velus, au fond des
Sargasses, que les lecteurs tres avertis bafreurs d’excrements dialectiques,
pris dans les algues et phrasibules formes polypes, formid “messages”…”sensa”
bulles de vase…rien que d’entrevoir ces fonds de rien peut tres bien vous
eteindre la vue, le gout, l’odorat a jamais…”
Ah qu’il est
doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de vous …pas
seulement doux, brevet de longue vie, avec, sans lunettes…”
“Le Figaro, l’Huma, L’Express, ereintants foutoirs a
blablas, carnavals aussi ennuyeux que celui de Nice, aussi carton pate stucs et
vents…”
“Si fragile celui qui a raison…”
“Controverses dialectiques, baveries, a plus finir !...le petit succes de mon existence c’est d’avoir tout de meme reussi ce tour de force qu’ils se trouvent tous d’accord, un instant, droite, gauche, centre, sacristies, loges, cellules, charniers, le comte de Paris, Josephine, ma tante Odile, Kroutchoubezeff, l’abbe Tirelire, que je suis le plus grand ordure vivant ! de Dunkerque a Tamanrasset, d’URSS en USA…tous ces pauvres films soit-disant d’horreur, me font rire!...allons!...allons !...rien ne m’est impossible decidement ! toute honte bue !...”
Pour mes amis du cinema : “Alors quelles vedettes ? – A la pelle – Nommez, nommez Maitre – Comment voulez-vous ? stars, etoiles, le ciel ! Delphes faisait des dieux, Rome n’a jamais fait que des saints, mais nous, monsieur, merveilles de ces temps, sortons cent vedettes par semaine !...alors ?...a gros nenes, petits, moyens…je verrai…”
“Le cardinal de Retz pretendait que nous commettions autant
de sottises par mefiance que par confiance…eh, qu’il l’avait belle cardinal !
puissant e tout !...mais quand vous etes que petit paume qu’allez-vous foutre
de la confiance ! au Diable !...archi mefiance ! oui !
“Le vieillard a la larme a l’oeil chronique, il fait plus
que pleurer…il pleure qu’on va le mettre en boite et que tous les autres vont
rester la a s’amuser…”
“A quoi servaient les croisades ? …ils se transposaient !...
depuis ils se font ejecter de Passy, leur seizieme etage, par super jet
conditionne, direct Golgotha…sept minutes..photographies aux
“Oliviers”…Monsieur en Joseph…Madame en Marie les enfants anges evidemment…
retour avant l’aperitif!...depuis que chaque home moteur au cul, va ou il veut,
comme il veut, sans jambs, sans tete, il n’est plus qu’une baudruche, un vent…il
ne disparait meme pas, c’est fait…”
“Les jeunes m’ignorent, les barbus m’ahaissent, les
libraries me boykittent, les universites plus bebes que jamais, bebegayent, les
Ligues et leurs manifesses, me pendent tant que ca peut !”
Bon, ce ne sont que des petits bouts pour prendre la
temperature de cet esprit vif et inventif, mais c’est dans ses developpements
un peu denses ou il jette toute sa gourmet qu’il est le plus impressionnant tel
que: “C’est ecrit. L’affaire est dans le sac…Les Allemands sont archifoutus,
emballez les os et plantez un saule, les tripes d’un cote, les gambilles de
l’autre…Un drole de bignolage d’ailleurs; y comprennent rien a ce qui se
passe…disciplines…garde a vous…coups de pied au cul…Heil Hitler…jusqu’au bout.
Valsez, fantoches, a la ballade des fusilles…leurs sales tronches…Adieu
Sigmaringen…j’en ai mon compte, termine le ballet des crabes pleins de
poux…J’fous le camp en Norvege… au pole Nord...La-haut, je ne verrai plus leurs
faces de Pierrots et de jean-foutres…je vais au pays des lacs…je ne veux plus
de leur Goebbel’s propaganda…grosse caisse, lanterne, vessie, trompettes, bidon
vide…tripes a l’air…en avant Das Reich pour la boucherie… Leur socialisme du
carton pate, du stuc…de la gimauve…rutabaga…ils partagent rien les Frisous…nib…racisme
debile, precaire, fetide, rampant, minable, prussien…Je ne suis pas de
l’anthracite ni de l’engrais pour les salades du gros Goering…je ne me sens pas
l’ame d’une briquette…”
Et pour finir un mot de Nietsche “Tout finira par la canaille…” precurseur aussi dans un sens….Il suffit, pour s’en convaincre de lire l’interview de Michel Rocard dans Le Monde.fr date du 3 novembre.
PS : le gazon est pose autour de la piscine...un detail