Mardi 4 novembre, journee historique pour l’Amerique, journee ordinaire pour Peb.
Je vous avais promis le verbatim (enfin des extraits) de ce
merveilleux interview de Brel, realise en 1971, a Knokke. Un Brel decontracte,
serein, qui a une vision des homes et de la vie bien a lui, le voila (imaginez
juste les expressions, les rires toutes dents deployees, les hesitations, les
soupirs, le verre de biere vide regulierement, la clope a la main) ou bien
achetez le DVD :
“Reussir” : il faut s’entendre sur le mot reussir, moi je
crois qu’on ne reussit qu’une seule chose, on reussit ses reves. On a un reve, et
on essaye de structurer ce reve. Dans ce sens la, il est exact que j’ai reussi
a realiser mon reve…
Et il passe sa vie a vouloir realiser ses reves la…
Moi j‘essaye de realiser les etonnements que j’ai eu jusqu’a
20 ans et a 40 ans on s’en apercoit, on le sait.
L’homme est foncierement un nomade, l’homme n’est pas un
sedentaire. Il est fait pour se promener. Par essence la femme l’arrete, alors
l’homme s’arrete pres d’une femme, et la femme a envie qu’on lui ponde un oeuf,
toujours, toutes les femmes du monde ont envie de pondre un oeuf et je
comprends cela. Alors on pond l’oeuf, l’homme il est gentil, il calcule
infiniment moins que la femme, je ne dis pas que la femme est mechante je dis
que l’homme est con. Et l’homme il reste pres de cet oeuf, alors il faut de la
paille en dessous, et puis il pleut, alors il faut aller chercher encore de la
paille pour faire un toit et puis il y a des courants d’air alors l’homme va
chercher encore de la paille pour faire des murs et puis… il reste la. Et
pourtant je crois que l’homme, toute sa vie reve de foutre le camp, vivre des
especes d’aventures quelles qu’elles soient. Tous les hommes ont envie de faire
quelque chose, (…) et les hommes ne sont malheureux que dans la mesure ou ils
n’assument pas les reves qu’ils ont fait.
Alors que la femme, elle, a un reve, c’est de garder le gars
! C’est pas mechant, c’est une ennemie, c’est un merveilleux ennemi…
Je sais pas tres bien parler des femmes. J’ai jamais tres bien compris. Je suis conscient d’etre passe a cote de quelque chose. Je suis passe a cote, par paresse ou par pudeur, je ne saispas tres bien, et je ne suis content d’aucune de ces deux solutions. J’ai l’impression d’etre passe a cote de quelque chose. C’est un travail les femmes, c’est un travail, ou alors on est, le gars qui plonge sur la femelle et ca m’amuse pas du tout. Je crois que j’aime trop l’amour pour beaucoup aimer les femmes. Les femmes sont toujours en-dessous de l’amour, l’amour dont on reve. Il y aura toujours un mec pour dire que je suis pede et je ne suis pas pede. Et comme je suis assez romantique, un peu sentimental et je ne m’en cache pas du tout, la femme est toujours a cote de l’amour, a cote du reve que j’ai. J’ai pas bien compris les femmes. Puis c’est trop tard.
Le sentiment que je respecte le plus (on ne parle pas
d’amour) c’est la fidelite. Le phenomene amoureux n’a rien a voir avec ca. Mais
la fidelite de certains hommes vis a vis de certains autres hommes ca ca
m’emeut aux larmes. Ca je trouve ca beau, je trouve ca noble, je trouve ca tres
superieur a tous les autres sentiments.
Je prefere vivre en ayant peur, avec la notion de peur,
calculee, pas betement. Mais je comprends pas ces gens qui ont envie de
securite. Vivre sans avoir peur c’est pas vivre, il vaut mieux etre mort.
C’est marrant parce que quand je pense au mot tendresse, je
pense aux hommes. Avec les femmes on a de la passion, de la patience, …et puis
des remords, je crois. Faut etre honnete. La tendresse est un mot qui
s’applique infiniment mieux aux hommes, la tendresse est un jeu egalitaire,
c’est un flux entre deux poles qui sont a egalite. Avec la femme c’est pas
pareil, on peut tendrement aimer une femme bien sur, mais la tendresse, dans
mon esprit, est une notion masculine.
A la maison tout
est calme. Hier soir, j’ai annonce a Made et Nyoman qu’a partir de demain,
après deux mois d’entrainement “sommaire” avec moi, on allait attaquer l’entrainement
perfectionne, c’est a dire le service “comme a un client exigeant et payant” ce
que j’espere bien avoir bientot. Question repas pour le moment c’est delicieux,
en revanche le reste du service n’est pas au point (manque de cendriers sur les
tables, et les vider s’ils sont pleins, assiettes qui restent des heures après
une tarte a l’ananas, oubli de remplir la carafe d’eau douce etc) pleins de
details qui font et feront la difference car si le site est exceptionnel, le
service doit l’etre aussi. Pour le moment je suis ravi de leurs prestations,
pas professionnelles mais tres agreables. On va rendre tout cela nickel chrome.
Mardi soir donc,
un canadien cool et son fils d’une vingtaine d’annees appellaient pour faire
une ballade. La matin Erick a essaye de monter Pangeran mais il etait encore un
peu hesitant, nous n’avons pas pu l’utiliser pour une randonnee. Nous irons
donc accompagner nos clients en mobylette, moi devant pour montrer le chemin et
Erick derriere. Cela demande beaucoup d’attention mais les cavaliers avaient l’esprit
ouvert (canadiens quoi) et se debrouillaient bien (surtout le pere, mais le
fils adorait les animaux et avait une bonne position a cheval).
Temps variable
mais toujours bonne temperature. Parfois le ciel est assez couvert le matin, se
degage dans la journee pour laisser la place a un ciel magnifique ou l’inverse.
Il pleut sur le centre de l’ile en abondance mais ici, toujours pas une goutte.
Et l’Amerique,
enfin raisonnable, a pris un virage symbolique et elu un nouveau president.
Esperons que son administration saura revenir a une politique plus egalitaire
et balayer le liberalisme debride et ravageur de son predecesseur. En meme
temps il est le pur produit de l’establishment. Il devra montrer ses qualites
personnelles. Un nouveau “New Deal” pour l’Amerique ? Esperons.